« …Peindre est le refuge immobile d’un monde tournoyant, le peintre est l’homme archaïque, obstinément fixé, pour qui le coin de terre où il se trouve est le centre du monde. Peindre, c’est retrouver le secret de la sécurité de l’enfance, quand nous nous sentions chez nous là où nous étions, proches encore du nid, enveloppés et comme bordés dans ces enclos immobiles qu’étaient un jardin, une chambre, une journée d’été, enclaves autour desquelles tournaient, trop lointains, des univers étranges. Le local et le singulier sont les seuls chemins qui nous livrent l’universel…»

Jean Clair, Le sablier de Morandi